La Femme Solaire

La femme assimilée à la déesse devient la femme aimée, l'amante idéale, la maîtresse fatale, la fée aux multiples visages, la dame souveraine. Par elle, l'homme accède à sa nature divine et cette hiérogamie est le but de toute quête humaine. Les rapports humains entre homme et femme reproduisent toujours une unité mère-fils. Car toute femme est une mère potentielle et tout homme aspire à retrouver par la pénétration le paradis qu'était le ventre de la mère. Et toute femme a besoin d'un homme pour prendre conscience de ce qu'elle est et de ce qu'elle peut quand elle porte son enfant ou quand elle contient le sexe de son amant. L'homme a besoin d'une déesse et la femme a besoin d'un homme. Aujourd'hui, très peu d'hommes ont encore cet instinct salvateur de placer la femme au dessus d'eux : les poètes, les artistes continuent à l'exprimer parce qu'ils serrent au plus près une quête d'authenticité. D'autres l'expriment d'une manière inversée, notamment les homosexuels et les transsexuels. D'une certaine manière, en rejetant tout ce que la féminité apportait de solution à l'angoisse de l'homme, la société s'est condamnée à la névrose.

La femme solaire est indépendante, toujours disponible pour de nouvelles amours, elle est la première à réagir dans une rencontre, elle "reconnaît" l'homme qui lui correspond, elle fait le premier pas et elle enferme l'homme dans la bulle de son monde magique pour protéger cette relation. L'homme y devient son prisonnier volontaire. Elle reste mystérieuse et l'homme ne doit pas connaître sa réalité profonde sous peine de la perdre comme dans l'histoire de Mélusine. Elle est la détentrice d'un pouvoir, d'une énergie d'accomplissement et elle en dispose en faveur de ceux qu'elle aime, son fils, son amant, son mari, elle est l'Arche d'Alliance entre la terre et le ciel.

Le geis utilisé par la femme dans toutes les légendes celtiques, philtre d'amour ou envoûtement, repose sur une réalité biologique certaine. L'attrait magnétique exercé par une femme repose sur des composantes sensuelles liées aux premiers souvenirs de la mère, goût et odeur de la peau, du lait, rondeur du sein. C'est une magie vivante qui parle à l'instinct et sur laquelle les succédanés du plaire viennent se greffer. Et c'est à la femme d'éveiller l'homme à l'amour, de le provoquer pour qu'il naisse à nouveau. Cette nouvelle naissance demande à la femme un effort d'enfantement aussi considérable que le gestation d'un enfant. Car il faut bousculer et traverser les structures et les interdits du monde paternaliste pour ramener l'homme au monde du sensible, au monde de l'être. En même temps la femme naît à elle même par l'homme qu'elle s'est choisi. L'amour est une valeur subversive pour la société parce qu'elle éveille deux êtres à d'autres valeurs que les siennes. L'amour authentique échappe aux rouages du pouvoir, de la lutte, de l'avidité, et devient une force de transgression.

Paule Salomon

Publié avec l'aimable autorisation de l'auteure, en date du 25 août 2007 :-)